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LA POLITIQUE ETRANGERE DE LA FRANCE POUR 2005

Jacques Chirac va retrouver cette semaine la position dans laquelle il est sans conteste le plus à l'aise, à savoir la scène internationale.


En effet, la visite de Georges W.Bush à Bruxelles sera l'occasion pour les deux pays de confirmer le réchauffement de leurs relations, exprimé par Condoleezza Rice lors de sa visite à Paris la semaine dernière, puis lors des réactions des deux pays à l'attentat ayant coûté la vie à Rafik Hariri.

Cette visite est donc attendue par de nombreux observateurs politiques et par les gouvernements européens eux-mêmes avec impatience, excepté sans doute par Tony Blair, j'y reviendrai.


Proche Orient


Après une semaine marquée par l'assassinat de l'ancien Premier Ministre libanais Rafik Hariri, ami proche du Président français, celui-ci a été le principal chef d'Etat occidental à être autorisé par la famille à venir rendre un dernier hommage à celui qui fut son ami pendant de longues années.

A cette occasion, la foule a même scandé son nom pendant que dans le même temps elle prononçait des injonctions virulentes de départ à destination des syriens.

Le Président a donc pu constater que près de deux ans après le déclenchement de la guerre en Irak, quelques mois après sa gestion délicate des derniers jours de Yasser Arafat, son aura demeurait très forte auprès des populations arabes.

Incontestablement, la France reste l' interlocuteur occidental privilégié des pays arabes, ce qui est une position enviable diplomatiquement, alors que le Proche et le Moyen-Orient sont en plein sous les feux de l'actualité.

Très réactive sur le dossier libanais, dont elle avait soutenu la résolution 1559 de l'ONU demandant le départ des forces syriennes, la France est aussi très présente sur le dossier iranien à travers l'Union Européenne qui est partenaire dans les discussions visant à faire stopper l'enrichissement d'uranium souhaité par Téhéran. Ce processus privilégie la diplomatie par rapport à la position américaine sur ce dossier qui apparaît bien plus radicale.

Or pour le moment, même si Washington se montre dubitative des efforts européens en la matière, cela lui permet néanmoins de gagner un temps précieux sur le front irakien, tout en donnant l'impression de laisser sa chance à la diplomatie, espérant ainsi effacer quelque peu l'image internationale désastreuse de la première mandature Bush.

La France est également présente sur le dossier irakien, et de 2 façons. La première malheureusement, se situe à l'aune de l'affaire de l'otage Florence Aubenas, envoyée spéciale du journal Libération, enlevée voici un mois et demi. Lorsque l'on se souvient des quatre mois de détention de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, nous ne pouvons qu'être inquiets à son sujet, mais dans le même temps, il est nécessaire de faire confiance à la diplomatie française qui a su mener à bien la précédente affaire.


Le relative bonne image de la France peut donc jouer en la faveur de l'otage, mais il faut rester prudent.

Sur la situation interne irakienne, la position française a incontestablement évolué. Le processus démocratique ayant débuté, grâce il faut le reconnaître, à l'opiniatreté américaine, et les élections s'étant somme toute relativement bien passées (n'oublions quand même pas les dizaines de personnes tuées alors qu'elles se rendaient dans les bureaux de vote), la France ne pouvait plus se tenir dans la position, légitime, du refus et de la critique qu'elle avait adopté depuis deux ans.

Elle soutient donc maintenant ouvertement ce processus démocratique, et réitère sa proposition de formation des policiers irakiens sur son territoire. C'est assurément un poids de moins sur les épaules de Washington, qui n'est toujours pas sortie du bourbier crée par la résistance irakienne. Mais au moins, les Etats-Unis pourront se concentrer sur la guerilla proprement dite, et laisser de plus en plus de responsabilités au nouveau pouvoir sorti des urnes.

Avec 145 élus sur 275, ce sont les chiites de l'Ayatollah Sistani qui deviennent les hommes forts du nouvel Irak. C'est donc avec eux qu'il faudra dorénavant compter, et c'est dans l'action que l'on jugera de leur aptitude à gérer le pays. Le voisin iranien majoritairement chiite également aura assurément une influence non négligeable, d'où la nécessité de poursuivre les pourparlers de désarmement avec eux. Les américains auraient sans doute signé pour n'importe quel autre scénario il y a deux ans.

Le grand perdant de cette guerre est sans conteste Tony Blair dont le soutien zélé à la politique hasardeuse de Geoges W.Bush ne lui a strictement rien apporté ni à lui ni à l'économie de son pays. C'est bien amèrement qu'il ne peut que constater le retour à la normale des relations entre américains et français, et européens plus généralement.


En effet, les Etats-unis ont besoin d'une Europe qui puisse les soutenir, et pas seulement d'un pays plus prompt à servir de domestique (au grand dam de millions de défenseurs britanniques de la grandeur royale et historique d'outre-Manche) que de proposer de réelles solutions.

Dans cette optique de retour au calme global du grand Moyen-Orient, il apparait plus surprenant que les relations tendues avec Israël depuis l'élection du Président Chirac en 1995 et plus particulièrement depuis le début de la seconde Intifada s'appaisent soudainement. Certes il était impensable qu'elles en restatent à ce degré d'incompréhension mutuelle, Jacques Chirac étant le Président qui a fait le plus pour combattre l'antisémitisme en France.


En accueillant Yasser Arafat en france pour y être soigné, il a permis également de déplacer la pression qui pesait sur les épaules d'Ariel Sharon concernant les troubles qui auraient pu être engendrés si le Raïs était mort dans son palais de la Moukhataa, assiégé depuis plus de deux ans.C'est pourquoi il faut prendre l'attitude conciliante du ministre israélien des affaires étrangères Sylvan Shalom comme un début de retour à la normale entre les deux pays.


Afrique


La France est également en train de changer son approche du traitement des questions africaines, et particulièrement à propos de l'Afrique subsaharienne. Ce qui s'est passé en Côte d'Ivoire marque indéniablement la fin de la méthode des réseaux africains de Jacques Foccard héritée du gaullisme. Le paternalisme à la française a vécu, et le réveil a été quelque peu brutal.

Cependant, les trois conditions énoncées dernièrement par la Ministre de la défense française Michèle Alliot-Marie, pour que les forces françaises restent en Côte d'Ivoire, à savoir une demande de l'ONU, des Etats africains et de la Côte d'Ivoire elle-même, montre bien l'agacement de Paris face à une situation qu'elle n'a pas désiré au départ et qui lui a échappé, partiellement par la naïveté du Président Chirac face à la roublardise de Laurent Gbagbo.


Car même si ces trois conditions vont être probablement remplies très vite, et redonner une certaine légitimité à la présence française dans le pays, cette présence représente quand même une incongruité au début du troisième millénaire.

A croire que les soldats sont nécessaires afin de protéger les expatriés français. Les expatriés ivoiriens sont également nombreux en France, pourtant, il ne viendrait à l'idée de personne de réclamer la présence de troupes ivoiriennes à des fins de protection. Cet héritage d'un passé colonial révolu arrive à son terme, peu ou prou, et même si la France cherche une issue de secours propre à la faire sortir de cette impasse la tête haute, on sent bien que ce temps ne sera pas compté en décennies.

Le bombardement des forces françaises Licorne à Bouaké et le meurtre des soldats français fut une énorme bévue de Laurent Gbagbo, et les représailles ordonnées par le Président Chirac ont paru justes et proportionnées. Ce qui s'est passé ensuite témoigne de la maladresse du pouvoir français vis à vis d'une situation qui dérape, coincé entre la volonté de protection de ses ressortissants, et celle moins avouée de faire trembler le Président en place.

La Côte d'Ivoire a cessé d'être ce petit paradis d'Afrique de l'Ouest cher à Houphouët-Boigny, sous les coups de boutoir de Konan-Bedié puis de Laurent Gbagbo, lequel tente maintenant de faire revenir ces"petits blancs" dont le pouvoir d'achat est si important pour l'économie de son pays, ces "petits blancs" qu'il n'a pas hésité un seul instant à transformer en cibles potentielles pour des jeunes patriotes tremblants de haine, aux seules fins de maintenir la pression sur Paris. Les ivoiriens doivent maintenant prendre leur destin en mains, tandis que le spectre de la guerre civile rôde encore.

De la même façon, la France cherche et trouve des appuis dans ses anciennes colonies, avec lesquelles elle propose des alliances, commerciales le plus souvent, dont le partenaire ressort bien plus grandi et mature. Cela semble être la nouvelle donne française face à l'offensive de charme américaine, charme bien symbolique car constitué uniquement de billets verts, marchandise dont ont grandement besoin ces pays africains. Cette approche recueille l'assentiment des populations, où la langue française bénéficie encore d'un relatif prestige, et où les manières américaines n'attirent pas particulièrement la sympathie.

Vis-à-vis du Maghreb, La France surfe encore sur la vague de sympathie à l'égard de Jacques Chirac. Son dernier voyage en Algérie fut triomphal, et les deux pays traversent maintenant une phase de coopération active dans plusieurs domaines économiques. Là encore il y a eu une nette évolution notamment de la part du Président Bouteflika qui a obtenu une réelection très importante, soutenue et applaudie à Paris.

La reconnaissance par les deux parties des horreurs commises pendant la guerre d'indépendance, a permis aux relations entre les deux pays hier si proches, d'entrer dans une phase de pardon et de retour à de meillleurs sentiments. La France a compris qu'elle ne pouvait plus revenir en arrière, et qu'il ne servait à rien de cultiver une nostalgie contreproductive. De ce point de vue là, à la lumière du retour de la langue française dans les classes d'écoles, ce sont presque des retrouvailles familiales auxquelles nous assistons.

Maroc et Tunisie demeurent des alliés sûrs soutenus par Paris. Les progrès sur la route de la démocratie et des droits de l'homme au Maroc sont suivis de près par le Président Chirac, attentif à l'évolution du Roi Mohammed VI qu'il a connu tout enfant, et dont le défunt père Hassan II aurait en quelque sorte confié le tutorat politique. Des progrès sont encore attendus à propos de la liberté de la presse, mais l'évolution positive du droit des femmes est réelle.

Concernant la Tunisie et son Président Ben Ali, quasi éternel, la question des droits de l'homme est là-aussi d'une gestion délicate pour la France. Mais le choix semble fait de privilégié la lutte interne contre l'extrémisme islamique au détriment de la liberté d'opinion, et le silence français est ici assourdissant.

Le retour de la Libye au sein de la communauté internationale proclamé par la levée des sanctions diplomatiques et économiques internationales n'ont pas empêché Jacques Chirac de rester inflexible à propos de la dernière barrière qui stoppait tout rapprochement entre les deux pays, à savoir la question de l'indemnisation des familles des victimes de l'attentat du DC10 d'UTA qui s'est produit il y a 15 ans.
Ce dernier obstacle enfin tombé, Muhammar Khadafi s'est empressé d'inviter le Président français à Tripoli il y a quelques mois, afin de montrer ses nouvelles dispositions à l'égard de l'Occident.


Très intelligemment, le Colonel s'est aperçu que sa quête de l'arme atomique et son soutien ouvert au terrorisme ne pouvait lui valoir que de gros ennuis. Son spectaculaire abandon de ces deux objectifs lui a permis d'apparaître comme celui qui a renoncé à la violence au profit de son peuple, et de servir d'exemple aux yeux de Washington.

En fait, Khadafi a su ravaler sa fierté et son orgueil, ayant physiquement dans sa chair subi les foudres américaines il y a 19 ans maintenant, et a profité de la main tendue des Etats-Unis qui souhaitaient rompre ainsi l'unité de certains pays arabes soutenant le terrorisme. Il a eu raison bien sûr, et est maintenant courtisé par tous les grands pays qui le vouaient aux gémonies hier, tel un nouveau-né à la table de la "realpolitik" internationale, et la France n'y fait pas exception.


Asie


Concernant l'Asie, la France a clairement fait le choix de la Chine, lui consacrant même une année nationale l'an dernier. Il faut dire que ce pays, véritable aspirateur de matières premières actuellement, achète tout ce qui peut l'être et sert de main d'oeuvre au monde entier, finançant ainsi une grande partie du déficit américain. La France exporte et vend sa technologie à l'Empire du Milieu et tente même de faire pression afin de pouvoir vendre de la technologie militaire, dont certains composants en sont empêchés depuis le massacre de la Place Tian-An-Men.

De fait, l'avantage pour la France est double. D'une part, le profit immédiat de ces actions commerciales soutenues par le premier VRP de France permet de maintenir de l'activité économique et de l'emploi dans notre pays, à l'heure des délocalisations massives. Et d'autre part, dans une vue à plus long terme, la montée en puissance de la Chine renforce particulièrement le souhait français d'un monde multipolaire qui serait un équilibre entre USA, Europe-Russie et Chine, Inde et Brésil.

La Chine apparaît donc comme le seul contrepoids crédible à court et moyen terme contre l'omnipuissance américaine, et la France cultive donc ses rapports avec le futur(déjà?)géant mondial.

Mais si la France a besoin de la Chine, l'inverse ne sera pas nécessairement éternel, et il lui faudra se méfier tout particulièrement de la volonté expansionniste qui se manifeste à l'égard de toute l'Asie du Sud-Est.


Le prochain conflit a donc de fortes chances d'être économique car plus acceptable au regard de l'opinion internationale, et l'arme pétrolière en sera pour quelques décennies encore le principal levier.

Frédéric Moreau