
L’EAU : PRINCIPAL ENJEU DU 21è SIECLE
A force de l’avoir sous la main à volonté en ouvrant un simple robinet dans nos pays industrialisés occidentaux, nous avons tendance à oublier combien elle est un bien précieux, le plus précieux d’ailleurs pour tout le genre humain. C’est omettre un peu trop facilement le fait qu’une grande partie de la population mondiale n’y a que peu ou pas accès du tout. C’est aussi négliger l’action des changements climatiques qui interviennent depuis quelques années et qui menacent la Terre d’une possible pénurie dans les siècles à venir, peut-être même avant. Tout cela sans compter sur la pollution grandissante de cette source de vie sur la planète qui nous accueille.
Devenue par la force des choses enjeu géostratégique majeur, l’eau est dorénavant convoitée par les Etats pour qui elle génère un marché de plusieurs centaines de milliards d’euros, en plus d’être un outil de domination.
Aujourd’hui, plusieurs milliers d’enfants meurent chaque jour directement ou indirectement à cause du manque d’eau potable, dont l’utilisation domestique ne représente pourtant que peu ou prou 10% de la consommation mondiale, tandis que près de 70% de cette consommation est l’apanage de l’agriculture. Il apparaît donc que bien plus qu’un manque de réserves naturelles, ce soit l’accès à ces réserves qui soit problématique et qui constitue la pierre d’achoppement de ce nouvel enjeu de pouvoir.
Les deux facteurs qui contribuent majoritairement à empêcher un accès aux ressources pour le plus grand nombre sont d’une part l’hygrométrie insuffisante voire inexistante dans certaines régions arides comme le Sahara pour l’Afrique ou l’Asie centrale. D’autre part, dans les pays qui possèdent des réserves en eau, c’est souvent le manque de moyens financiers suffisants pour permettre aux populations d’accéder à cette eau qui pose problème, comme en Afrique subsaharienne.
Or il est évident que la situation risque d’empirer pour tous ces pays, car ce sont également ceux qui subissent une expansion démographique incontrôlée. Les ressources en eau calculées par tête d’habitant sont inversement proportionnelles à la démographie galopante.
Que la pénurie en eau soit constante ou bien à la suite de périodes d’intenses sécheresses suivies d’inondations catastrophiques, comme dans les pays à fortes moussons par exemple, le problème se pose de façon identique.
De plus, les prévisions actuelles de l’IPCC, groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, sont pessimistes dans le sens où elles mettent en avant qu’à l’horizon 2030, plus de la moitié de la population mondiale vivra en situation de manque d’eau potable.
Actuellement, les réserves d’eau douce se concentrent pour beaucoup dans l’hémisphère nord, Canada, Scandinavie, et Russie. Mais aussi en Amazonie et en Afrique subsaharienne.
Or la gestion de l’eau à l’échelle mondiale est du ressort des gouvernements des pays concernés. Un début de solution durable sera atteint lorsque ces pays auront le pouvoir de gestion sur des réserves qui leur sont propres, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Les relations internationales doivent également y contribuer. Or actuellement, très peu de pays accordent une réelle importance dans les faits à ce problème qui sera bientôt crucial.
Que cela soit au niveau de la gestion des ressources ou de la nécessaire création d’infrastructures y attenant, seuls l’Afrique du Sud et l’Egypte font vraiment des efforts en matière d’investissements et d’équipements dans ces domaines, de même que l’Inde et la Chine.
Lorsque l’on sait que pour les seuls Etats-Unis, le marché de l’eau et des services correspondants de près ou de loin à ce secteur se monte à plus de 100 milliards de dollars par an, on mesure l’importance économique de cette ressource.
De fait, l’eau est devenue une arme politique stratégique entre les mains de certains gouvernements. Pour ne parler que de quelques régions sensibles et sous le feu de l’actualité par exemple, le fleuve Euphrate qui traverse la Syrie et l’Irak prend sa source en Turquie. Or ce fleuve n’a pas de statut international, ce qui permet à la Turquie de stocker à son aise des quantités d’eaux considérables avec ses barrages. Les pays situés en aval ne peuvent que subir cette situation d’un débit réduit, alors que leur développement économique est fortement dépendant de la situation hydraulique. La menace ce stopper le débit est un argument de poids lors de discussions entre ces pays comme ce fut le cas en 1990 lorsque la Turquie a demandé à la Syrie de se débarrasser d’Ocalan, le chef du Parti Kurde (PKK).
De même, lorsque en 1967, pendant la guerre des six jours, l’Etat d’Israël a annexé le plateau du Golan qui appartenait à la Syrie, il a certes fait main basse sur une position dominante qui rendait vulnérable militairement la partie de son territoire située juste en dessous, mais il a au passage récupéré le contrôle des ressources hydrauliques situées dans la zone. Lorsque l’on connaît l’importance et la rareté de l’eau dans cette région o combien sensible du Proche Orient, on est en droit de se dire que ce conflit est loin d’atteindre son terme.
A l’heure où l’homme envisage d’aller explorer d’autres planètes, au moment où il recherche sur Mars d’éventuelles traces du précieux liquide, le problème de l’eau sur la Terre reste entier. La maîtrise des réserves, de leur acheminement vers les populations, de leur stockage et de leur traitement est devenu l’enjeu primordial de ce nouveau siècle pour les grandes puissances. Si actuellement les industriels ne se sont pas encore massivement lancés dans la course au profit concernant l’eau, nul doute que la tendance est déjà en train de s’infléchir.
Enjeu de domination énorme et monstrueux à la fois parce que touchant à ce qu’il y a de plus précieux, c’est-à-dire la vie, l’or bleu commence tout juste son lucratif voyage de retour vers une mythification qui était déjà sienne dans l’Antiquité, la mère de toute vie.
WATER, TOP ISSUE OF THE 21TH CENTURY
As it is available on demand as a matter of course in our Western industrialised countries by simply turning a faucet, we had forgotten that it is a precious good in fact the most precious for all mankind. This attitude ignores the fact that a large part of the population of our planet has little or no access to it. It also overlooks the fact that the climate change that has been already occurring for several years is threatening the Earth with a possible shortage during the coming centuries, or even before. And it does not take into account the growing pollution of our life source on our host planet.
The course of things has made water a major geostrategic issue, and is now coveted by the States for which it creates a market of several hundred billion euros, besides being an instrument of domination.
Thousands of youth daily are dying as a direct or indirect consequence of the lack of drinking water, whose domestic use, yet, represents only some 10% of world consumption, while close to 70% of this consumption is dedicated to agriculture. Thus, it seems that, much more than a lack of natural reserves, access to these reserves is the core problem and the stumbling block of this new object of power.
The main two factors detracting from general access to the resource are the insufficient even absent hygrometry in some arid areas like in Africa (e.g. the Sahara) or central Asia, and in countries endowed with water reserves but lacking the financial means to give their populations access to this water, as in sub-Saharan Africa.
Yet, clearly, the situation may well deteriorate for all these countries, which are also those undergoing uncontrolled demographic expansion. The quantity of water resources per inhabitant is inversely proportional to the population growth rate, both in cases of chronic water shortage and after intense drought periods followed by catastrophic floods, e.g. in countries affected by powerful monsoons.
Moreover, the current projections of the IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change) are pessimistic: in its estimates, by 2030 more than half the world population will experience a lack of drinking water.
Currently, non-salt water reserves are largely concentrated in the Northern hemisphere (especially in Canada, Scandinavia, and Russia), in the Amazon, and in sub-Saharan Africa.
But water management pertains to relevant national governments. A first move towards a sustainable solution will be made when these countries have the power to manage their own reserves; this is far from being the case today. International relations must also contribute to it, but nowadays very few countries actually make this soon vital problem a priority. In matters of water resource management or of the necessary creation of infrastructures, only South Africa and Egypt, along with India and China, are making real investment and facility-building efforts.
The fact that, in the USA alone, the market of water and relevant services is more than $ 100 billion a year, is an indication of the economic importance of this resource.
In practice, water has become a strategic political weapon in the hands of certain governments. To mention only a few sensitive regions making headlines, the Euphrates river flowing through Syria and Iraq originates in Turkey. It has no international status, which allows Turkey to conveniently store huge volumes of water using dams. The countries downstream have hardly any control over the flow reduction, even though their economic development is highly dependent on the water supply situation. The threat to throttle the flow is a weighty argument in discussions between these countries, as was the case in 1990 when Turkey urged Syria to expel Ocalan, the head of the Communist Kurdish Party PKK.
Similarly, in 1967, during the Six-Day War, when Israel annexed the Golan Heights from Syria, not only did it grab a high ground from where the portion of its territory located just underdeath was militarily vulnerable it also gained control over the water resources of the plateau. Considering the importance and scarcity of water in this highly sensitive region of the Middle East, it is plausible to think that this conflict is far from terminating.
At the moment when man is thinking about the possibility to explorer other planets, and is actually searching Mars for traces of the precious fluid, the problem of water on our own planet remains unsolved. The control of reserves, their transportation to populations, of their storage and treatment has become a top issue of the new century for global powers. Industrialists have not yet launched massively the profit race over water, but the trend is already profiling.
A stake of domination, both enormous and monstrous because it affects the most precious: life, blue gold is only beginning to lucratively regain the mythical status it had in Antiquity as the mother of all life.